Tranche à la framboise
Aujourd’hui, après avoir failli me manger une voiture conduite par un gros plouc qui trouve que s’insérer sur une autoroute à 50km/h et me couper la route c’est fun (mais on lui pardonne, j’ai freiné tellement fort que je sais à présent que l’heure d’auto-école intitulée « freinage d’urgence » n’est pas là que pour la déco, et en évitant de justesse de lui rentrer dans le derrière, j’ai pu profiter de la jolie petite affiche « A VANDRE » collée sur la vitre arrière, le fou-rire m’a éviter de réaliser à quel point c’était passé prés), j’ai été chercher un Gnome à la crèche. Et comme je sais que ses Gnomeries vous manquent, je m’empresse de vous les rapporter avant que la source ne se tarisse (il part chez Granny le 26 et y’a de fortes chances pour que je ne le revoie pas vu qu’en septembre je tente la grande aventure de l’Education Nationnale, promis la Chieuse je te raconterai tout).
Sachez donc que le Gnome est fort friand de framboises et que sa maman lui en a acheté une barquette rien que pour lui. Et c’est tout un spectacle que de le regarder déguster sa framboise, il la croque, mâche longuement, la regarde sous toutes ses coutures et la finit presque à regret. Bon ok, il s’en met un peu partout, c’est bien connu, le jus de framboise ça coule partout, ça tache, ça colle, un vrai plaisir. Ayant noté son aversion pour les légumes (poireau, aubergine, courgette, céleri, épinards, toutes les crudités, ça devient de plus en plus dur de lui faire des repas variés, on tourne très vite en rond avec haricots verts, carottes, petites pois, tomate en sauce, parce que crue il en veut pas, et patates) j’ai testé de nombreux fruits pour compenser un peu le manque de vitamines et de diversité. Le melon a été déclaré hors-la-loi, mais les cerises ont été adoptées à l’unanimité, il a dévoré une énorme nectarine à lui tout seul et il adore les fraises. Et autant il sait faire durer une pauvre framboise pendant de longues minutes, autant il enfourne les fraises qui passent à sa portée sans aucun état d’âme pour la pauvre créature. Il ouvre le bec, enfourne la fraise, tasse ce qui dépasse du plat de la main et referme le tout d’un air satisfait. Sans aucune effusion de jus de fraise contrairement à sa copine la framboise.
Après le bain, j’ai enfin fait la connaissance des crises de colères typiques à cet âge. Je parle de la colère gratuite, pas de la crise de larme suite à une chute ou des pleurs d’angoisse quand il a peur d’être abandonné, ou des pleurs de contrariété quand on le punit pour une bêtise (par punir, j’entends lui dire d’un ton un peu plus sec et sans trace de sourire de descendre tout de suite de cette table parce que c’est interdit de marcher sur les tables, en général ça suffit à briser net son élan et à le ramener à des activités moins acrobatiques). Non, là il pleurait aussi fort que quand il s’était claqué la porte de placard sur la main, juste parce que je lui avais interdit de faire un truc dangereux. Il était rouge vif, et passait de longues secondes sans respirer, trop occupé à préparer le prochain hurlement. Après une rapide inspection, j’ai vite compris que c’était de la colère et non pas de la douleur, il était assis sur la table à langer, je venais de l’empêcher d’attraper le tube de crème (rangé dans un vide-poche accroché à la table à langer mais hors de sa portée) vu que pour y arriver, il avait failli se balancer par-dessus bord, et autant je me fiche que le doudou tombe, autant je préfère éviter que la tête du Gnome heurte trop souvent le marbre (oui, c’est du marbre dans la salle de bain aussi, la classe hein ?). Bref il a été fort contrarié et me l’a fait savoir.
Et là, faut attendre qu’il se fatigue, qu’il soit obligé de cesser de hurler pour reprendre son souffle pour tenter de le calmer, et on se sent vachement seul quand même. Et parler à un machin tout rouge qui hurle encore plus fort dés qu’on ouvre la bouche, c’est pas facile. Donc j’ai passé de loooongues minutes à lui expliquer pourquoi je m’étais fâchée. Et ça donne un loooong monologue un peu débile vu de l’extérieur. « Ça suffit, Gnome, pas la peine de pleurer comme ça, tu ne t’es pas fait mal, mais si tu te penches comme ça tu risques tomber, et quand on tombe on se fait mal, et je ne veux pas que tu te fasses mal donc je ne te laisse pas te pencher, c’est pas pour t’embêter, c’est parce que c’est dangereux, quand tu t’es penché tu as fait tomber ton doudou par terre et je ne voulais pas que tu tombes aussi… » enfin un truc du genre, en boucle, dit d’une voix ferme et regardant l’animal dans les yeux (enfin en essayant, parce que dés la première seconde ça a été les chutes du Niagara, je sais pas ce qu’il arrivait à voir à travers toute cette flotte). A la crèche y’a une gamine dans la section du Gnome, un véritable petit monstre, elle pique des crises de ce genre tous les jours, se roule par terre, frappe ses parents, hurle, pleure, je sais pas comment ils font pour supporter ça. Y’en a un autre, quand son père arrive, les filles de la crèche lui font les transmissions « C’est bien, aujourd’hui il a frappé qu’un seul gamin, il s’améliore, et il a mordu personne ». Ahem, j’espère naïvement que les parents ne savent pas s’y prendre et que les gamins sont juste mal élevés, avec le Gnome, j’ai été mal habituée, il est vraiment mignon en général, les problèmes sont rares, je croyais que tous les enfants étaient comme lui, mais en regardant les autres je me dis qu’on pourrait avoir un petit gremlin (celui à la crête, pas Gizmo, Gizmo il est trop chou) malgré toutes les bonnes résolutions… (oui je sais, c’est pas très vendeur, c’est pas comme ça que je donnerai envie au Koala, je devrais me cantonner aux descriptions de poitrines surdimensionnées et aux avantages d’avoir un Poulpe au foyer pendant quelques mois pour cuisiner et repasser son linge, que je me demande à quoi ça sert que je le repasse si personne ne le range après, saurez-vous trouver le message subliminal caché dans ce paragraphe ?).
Quant à la personne qui est arrivée ici en cherchant comment « engraisser le poulpe », qu’elle passe son chemin, ici on tente de le dégraisser au contraire même si ça s’est beaucoup calmé depuis quelques temps (mais ma maman compte bien me remettre sur les rails quand j’irai à Bordeaux au mois d’août histoire de repartir du bon pied pour la rentrée).