Sale boulot

Publié le par Koala

En ce moment il se passe des trucs vraiment bizarres au Clos.
Cette après-midi, alors que j’étais tranquillement installé sur le canapé, Poulpy se tourne vers moi et me dit : « ça serait bien que tu fasses la vaisselle avant 18h car je dois laisser mijoter la viande une heure » (pour faire du poulet au citron).
Jusque là rien d’anormal : qui est chargé du sale boulot ?… évidemment moi.
Je regarde l’heure : 17h30. Soit à peine 30 minutes de repos pour me préparer à cette corvée.
Seulement voilà, il y a deux jours j’ai effectué un aller-retour en région parisienne (en voiture, dans la même journée) et je ne me sens pas encore capable d’affronter la lourde tâche qui m’incombe.
Je n’exagère pas, car ici, la vaisselle (tout comme le linge, d’ailleurs) se fait uniquement une fois qu’il n’y a plus rien de propre.
Je réfléchis et pense aux assiettes crasseuses, aux bols emboîtés les uns dans les autres, aux poêles bien huileuses, stagnants dans une eau de 3 ou 4 jours, d’une couleur franchement rebutante, véritable bouillon de culture de bactéries et autres micro-organismes dont certains sont probablement inconnus au patrimoine mondial des espèces Terrestres ; je pense également aux formidables reproductions de la tour de Pise réalisées à partir de verres empilés, et aux couverts finement décorés à partir de restes d’aliments desséchés, solidement collés, après ces quelques jours écoulés.
Pas vraiment motivé à l’idée de faire la vaisselle, je jette un coup d’œil à La Chieuse qui se trouve à quelques pas de moi et, n’ayant rien à perdre, je me hasarde à lui demander si elle ne voudrait pas la faire à ma place. Elle relève la tête et me fusille du regard, n’aimant visiblement pas être dérangée en pleine discussion passionnée (elle était en train de chatter avec des amis à elle sur l’ordinateur portable de Poulpy). Sentant arriver l’incident diplomatique, je rectifie aussitôt mes propos : « non, je rigole… je plaisantais…. Je vais aller la faire d’ici quelques minutes » ; j’emballe le tout avec une légère crispation du visage en guise de sourire, craignant en définitive qu’une simple corvée de vaisselle ne se transforme en 12 travaux d’Hercule.

Et là, à 17h42 le miracle eut lieu : elle abandonne presque instantanément ses conversations en cours et se lève pour se rendre dans la cuisine.
Evidemment, sur le coup je me dis : comme à son habitude, elle est partie se chercher une bière dans le frigo et va revenir dans quelques instants. Mais non ! J’entends de l’eau couler et des bruits qui ne laissent aucun doute sur la tâche entreprise.
D’ailleurs, à ce moment là, Poulpy se tourne vers moi et me dit : « tu pourrais quand même la faire ! », visiblement outrée de me voir rester là, allongé sans rien faire.
Plus par principe que par conviction je lance à La Chieuse : « je plaisantais… arrête immédiatement !.... je viens prendre ta place ; d’ailleurs, je crois que c’est mon tour ».
Le regard du Poulpe en dit long : je ne suis pas crédible…
N’obtenant aucune réponse, je m’éclaircis un peu la voix et réitère avec un peu plus d’enthousiasme mon désir d’effectuer cette besogne.
Cette fois, je suis sûr que La Chieuse m’a entendu puisque son visage apparait dans l’embrasure de la porte du salon ; et, à ma grande surprise, insiste pour accomplir mon « devoir » habituel juste avant de disparaitre à nouveau.
Forcément, tout cela ne plaît pas à Poulpy, militante invétérée pour l’exploitation des koalas sans défense : « insiste où je ne fais pas la cuisine ! » me dit-elle sournoisement tout bas.
N’ayant d’autre solution que de lui obéir, je renouvelle haut et fort mon ardent désir d’accomplir ma corvée favorite ; et clame, à qui veut l’entendre, que bien grande sera ma peine si je ne peux exercer mes délicates mains sur du verre, du métal et de la porcelaine.
Mais La Chieuse, fidèle à sa réputation, ne veut rien lâcher ; et malgré mon insistance, refuse catégoriquement de déserter son poste – à mon grand soulagement.
 
Comment expliquer ce changement soudain d’attitude ?
Difficile à dire…
Avec un peu de recul, il existe de multiples éléments de réponse pour tenter de comprendre son comportement.
Tout d’abord, en ce moment, on sent qu’elle est particulièrement heureuse avec son Champignon (d’ailleurs elle en parle dans son dernier article intitulé : "en ce moment c'est l'amour fou"). On sent qu’elle plane à 3000 mètres d’altitude et elle a visiblement du mal à redescendre. (Bravo Champi, t’es le meilleur, continue).
Par ailleurs, l’autre jour, j’ai trouvé un loup dans le salon. Bien sûr je parle d’un déguisement, car on a assez d’animaux comme ça. Je demande à Poulpy : « c’est à toi ? ». « Non, c’est à La Chieuse. En ce moment elle fait passer des castings via internet pour un remake de « danse avec les loups ». Elle se déguise et essaye de trouver la perle rare » me répond-elle.
Personnellement, je pense qu’encore une fois elle s’embarque dans une histoire tordue. Le scénario a l’air franchement creux et les dialogues sont lamentables. Ne parlons pas des figurants qui sont franchement pitoyables…

Bon, mais connaissant La Chieuse, je suis sûr qu’elle prépare en fait un voyage à Rio pour le carnaval (c’est vrai qu’il faut s’y prendre en avance). D’où sa joie de vivre actuellement et son désir débordant d’aider autrui. Car aujourd’hui, même si elle n’a rien voulu nous dire, je pense qu’elle nous a dévoilé le costume de Champi : un pantalon avec le derrière complètement déchiré (ça c’est une putain d’idée Champi ! simplicité et efficacité : il fallait y penser. Moi je dis respect)
Ou alors j’ai tout simplement réussi à l’amadouer grâce à une chocolatine aux amandes. En effet, il n’en restait plus qu’une dans la boîte ; et ne voulant pas passer pour une goinfre (même si sa réputation est claire et nette à ce sujet lol) ou pour ne pas paraître impolie (qui sait ?) elle refusait de succomber à la tentation.
La voyant baver comme un chiot devant l’objet tant désiré, je lui ai tout naturellement proposé de prendre la dernière chocolatine du paquet – sachant que 5 autres m’attendent toujours dans un recoin de la cuisine (d’ailleurs elles sont à disposition de tout le monde, maintenant que leur existence est dévoilée).
 
Plus j’y pense, plus je me dis qu’une simple chocolatine aux amandes pourraient bien être l’arme ultime contre les Chieuses.

Publié dans Recettes Koalesques

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